Peter Gabriel fait son grand retour à Bercy (compte-rendu de concert)
À l’occasion de la tournée anniversaire des 25 ans de l’album So, le groupe original a donné ce 15 octobre un concert historique à Bercy devant un public réceptif et enthousiaste.
21h, les lumières s’éteignent. Viennent deux jeunes Suédoises, Jennie Abrahamson et Linnea Olson, l’une au piano, l’autre au violon. Jouant tantôt en solo, tantôt en duo, elles assurent une première partie courte mais efficace : nous nous retrouvons transportés par la clarté de leurs voix, notamment celle de Jennie Abrahamson dans Phoenix. L’excellente qualité de l’acoustique surprend, et les instruments classiques agrémentés d’effets électroniques retiennent notre attention.
http://www.youtube.com/watch?v=Hrpk0lJEevk
Après avoir invité les nouveaux convertis à acheter leurs albums à la sortie du concert, elles se retirent pour laisser place à Peter Gabriel ; on les retrouvera plus tard en tant que choristes.
Le chanteur nous explique alors en français que nous aurons comme entrée une partie acoustique avec la salle éclairée ; puis viendra le plat principal, une partie électronique; et enfin le dessert, et non des moindres : l’intégralité de l’album So sera jouée pour notre plus grand plaisir, de quoi satisfaire à la fois gourmets et gourmands.
Dès le début du concert, nous sommes captivés par la mise en scène, toujours aussi créative et impressionnante. On retiendra notamment l’énorme dôme venant couvrir le chanteur dans The Tower That Ate People, la rangée d’hommes masqués faisant face au public dans l’angoissant We Do What We’re Told, ou encore Peter Gabriel allongé sur scène au cœur d’une cible dans Mercy Street. Le tout est retransmis sur écran géant via des caméras manipulées par plusieurs techniciens sur scène. Elles permettent de s’approcher à quelques centimètres du visage de l’artiste et offrent ainsi une mise en scène unique pour chaque morceau.
Le public est conquis par un Sledgehammer entraînant, un Digging In The Dirt tout aussi puissant, ou encore Don’t give up, très touchant malgré l’absence de Kate Bush. Les tubes s’enchaînent, jusqu’à atteindre l’apogée de la soirée : le fameux In Your Eyes, quintessence des influences mondiales de Peter Gabriel aussi bien par ses sonorités que par sa chorégraphie. Peter Gabriel et Jennie Abrahamson, accompagnés du musicien mauritanien Daby Touré, dansent en cercle et alternent successivement refrains et improvisation vocale pour un résultat jubilatoire et plus que convaincant.
Après deux heures de musique, le concert se clôt comme à l’accoutumée en beauté avec Biko, en l’honneur du militant sud-africain anti-apartheid décédé en prison. Entraînés par le groupe, les poings se lèvent et Bercy donne de la voix. La scène se vide, le public ovationne Biko en toile de fond. Une dernière image marquante et forte en symbolisme, dans laquelle on retrouve le génie du Peter Gabriel engagé qui avait participé aux concerts d’Amnesty et créé l’association Witness.
Une voix toujours aussi chaleureuse, des mélodies poignantes, une mise en scène grandiose : Peter Gabriel a su nous séduire une fois de plus !